lundi 14 juillet 2014

Approche analogue et fermes du futur

APPROCHE ANALOGUE ET FERMES DU FUTUR
Abasse Tougiani, Moussa Boureima, Adamou Basso, Nouhou Mohamed, (INRAN) 

Carte des ressources du village Kampa Zarma  
Les changements climatiques représentent aujourd’hui une sérieuse menace pour l’agriculture, la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance des petits producteurs particulièrement en Afrique au sud du Sahara. Les producteurs essaient de s’adapter tant bien que mal mais très souvent ils restent désarmés et fatalistes. Pour les aider à mieux appréhender les changements qui s’opèrent et vivre en harmonie avec leur environnement, le programme de recherche sur le Changement Climatique,  l’Agriculture et la Sécurité Alimentaire (CCAFS), a conçu et mis au point l’outil « analogue climatique ». Cet outil vise à contribuer à l’amélioration des capacités d’adaptation des communautés au changement climatique. Grâce aux modèles de prévision de l’évolution des changements climatiques, il permet de connaitre le climat futur d’un site donné, et de ce fait développer des stratégies d’adaptation appropriées. C’est dans ce sens que l’approche « ferme du futur » utilise l’analogue climatique pour connecter les producteurs ruraux à leur possible climat futur, à travers des visites d’échanges inter-paysans, entre les paysans du site de référence (site A) et ceux de son analogue climatique (site B).

Le présent travail présente la situation de référence du village de Kampa Zarma et la vision qu’a la communauté pour son terroir. Pour tendre vers cette vision, le modèle IAP de prévision des changements climatiques a été utilisé pour déterminer l’analogue climatique situé au Niger entre 4° et 6o de longitude Est et 14° et 15o de latitude Nord. Le voyage d’échange a permis de découvrir les différentes opportunités d’apprentissage pour augmenter la résilience des populations face aux phénomènes climatiques.


Pour recueillir les informations, deux focus groupes ont été formés : le focus groupe hommes et le focus groupe femmes. Au total, 73 personnes ont assisté à ces échanges dont 37 hommes et 36 femmes. La répartition selon l’âge et le sexe est indiquée dans le tableau 1.

Tableau 1 : Constitution de groupe de travail en fonction de classe d’âge et de sexe
Tranche d’âge
Homme
Femme
Jeunes (15 - 40 ans)
15
24
Adultes (41 – 60 ans)
14
11
Personnes âgées (61 – 79 ans)
8
1

Chaque focus groupe a présenté la situation actuelle des ressources tant en terme de potentialités que de contraintes (figure 1 et 2 et tableaux 2 et 3). Il ressort que toutes les ressources sont insuffisantes et en voie de dégradation accélérée et aussi de moins en moins accessibles. Il faut surtout remarquer la très faible diversité d’espèces végétales présentes dans le terroir et l’extrême pauvreté dans laquelle végète toute la population du village.
IDENTIFICATION DES OPPORTUNITES D’APPRENTISSAGE
Les communautés de Kampa Zarma (hommes et femmes), ont émis une vision du futur qui se résume en ces termes :

Nous, population de Kampa Zarma, souhaitons que notre terroir redevienne comme il était il y’a 30 ans ; c’est-à-dire pourvu d’arbres de différentes espèces et de diverses tailles, des terres agricoles très fertiles et giboyeuses, un pâturage abondant et diversifié et des mares permanentes, conditions qui nous permettront de retrouver l’autosuffisance alimentaire.

Pour tendre vers cette vision, quelques actions ont été identifiées. Elles se résument à l’introduction  d’espèces ligneuses adaptées, la réalisation d’ouvrages de CES/DRS ainsi que le recours aux variétés améliorées

Rubriques/type de ressources/domaine
Condition souhaitée dans 30 ans (vision)
Actions à mener pour atteindre la condition souhaitée
Possibilité de mise en œuvre par le groupe
Actions pour lesquelles le groupe a besoin d’apprentissage ou de soutien particulier
Forêts (espèces ligneuses et herbacées)


Abondante
Introduction des espèces adaptées aux conditions du village (namari,moringa,Prosopis africana,baobab, gao, ziziphus, deli, neem, gamsa, les arbres fruitiers…)
Disponibilité de la main d’œuvre
Information, Sensibilisation, formation sur les techniques de préparation des pépinières, de plantations et protection
Terre dégradée

Réhabilitée,  récupérée et mise en valeur
Fabrication d’ouvrages antiérosifs (CES/DRS, zaï) et la réalisation de plantation
Disponibilité de la main d’œuvre
idem
Terre agricole
Très fertile et très productif
Utilisation de semences améliorées adaptées, fertilisation et protection des cultures, RNA
Disponibilité de la main d’œuvre
Formation sur les paquets technologiques agricoles, utilisation d’espèces fertilisantes

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