‘’Le
niébé est une culture d’avenir pour les pays sahéliens ; il y a donc
besoin d’appuyer nos producteurs pour la résolution de conservation de cette
légumineuse’’
![]() |
Dr Baoua Ibrahim |
La conservation du niébé, l’une
des principales cultures de rente de nos paysans, constituait jusqu’alors un véritable
casse tête. Heureusement, des chercheurs nigériens se sont penchés sur cette
question. Et une réponse adéquate a été trouvée par l’un d’entre eux
Dr Baoua Ibrahim de l’INRAN de Maradi. Ce qui, d’ailleurs, a valu à ce compatriote le prix de la prestigieuse Université Purdue des Etats Unis. Dans cet entretien, Dr Baoua Ibrahim présente son invention, mais aussi son impact sur les préoccupations des pays.
Dr Baoua Ibrahim de l’INRAN de Maradi. Ce qui, d’ailleurs, a valu à ce compatriote le prix de la prestigieuse Université Purdue des Etats Unis. Dans cet entretien, Dr Baoua Ibrahim présente son invention, mais aussi son impact sur les préoccupations des pays.
Dr.
Baoua Ibrahim, Vous êtes lauréat d’un prix d’une université américaine, dites
nous brièvement en quoi consiste ce prix ?
Il s’agit d’une reconnaissance délivrée
par la prestigieuse Université Purdue
des USA. Il est dénommé « PURDUE ENTOMOLOGY SPECIAL MERIT AWARD ».
Elle a été attribué en raison des résultats exceptionnels produit lors la mise
en œuvre du projet PICS (Projet de l’Université Purdue pour le Stockage
Amélioré du Niébé) financé par la fondation Bill et Melinda Gates.
Il s’agit des travaux relatifs à
la mise au point et la diffusion de la technologie du triple ensachage pour le
stockage sans pesticides du niébé.
Qu’est
ce qui vous a poussé à mener des recherches dans le domaine de la conservation
du Niébé ?
Le niébé est une culture
d’avenir pour les pays sahélien. Elle est adaptée à nos conditions actuelles de
production. Il s’agit aussi d’un aliment complet pour les familles rurales et
urbaines. Par sa transformation et ses circuits commerciaux, il procure un
revenu important aux acteurs ruraux. La plante est très menacée en champ par
les insectes ravageurs, mais le peu qui est récolté est aussi attaqué et
détruit par les bruches après quelques mois de stockage. Cette situation pousse
les producteurs à brader leur production dès la récolte. Il y a donc un besoin de
les appuyer pour la résolution du problème de conservation de cette légumineuse.
Quel
est aujourd’hui l’impact de cette recherche sur les producteurs et les
paysans ?
Le sac PICS est en diffusion et
les producteurs sahéliens peuvent désormais conserver leur niébé le temps
qu’ils veulent et le vendre à un prix intéressant sans contrainte de stockage.
Effectuer
la recherche est une chose, mais la vulgariser en est une autre. Et on sait que
l’INRAN a mené beaucoup de travaux de recherche dont les résultats ne sont pas
suffisamment vulgarisés, quand est-il des résultats de votre travail ?
Nous avons contribué à
l’adaptation de la technologie et de son suivi en zone rurale. Entre 2007 et
2008, la technologie a été démontrée dans près de 5000 villages agricoles du
Niger en collaboration avec l’ONG World Vision et les Directions régionales de
l’Agriculture. Un programme de sensibilisation impliquant les radios et la
télévision nationale a été mis en œuvre. Sur le plan scientifique, les
principaux résultats ont été publiés. Des fiches techniques et des posters en
langues locales ont été produits et diffusés. Actuellement plusieurs projets
agricoles sont entrain de poursuivre la formation des producteurs dans leurs zones
d’intervention. Des investissements sont en cours avec la construction des
infrastructures de stockage et l’édification de réseaux paysans de
commercialisation du niébé notamment avec le warrantage.
Il
se trouve souvent que les produits issus des recherches soient inaccessibles en
termes de coût aux paysans, est-ce le cas de la technologie que vous avez
développée ?
Le sac PICS est actuellement
produit par 6 manufactures Africaines avec la vente de plus de 2,5 millions de sacs entre 2007 à 2012. Au
Niger est réseau d’approvisionnement est fonctionnel avec un réseau d’une
centaine de détaillants localisés dans les principaux marchés ruraux. Il est
suggéré un prix de 1100 francs CFA par sac de 100 kg. Le sac est réutilisable pendant
au moins deux à trois années si bien entretenu.
Quelles
sont vos attentes entant que chercheur, relativement au financement de la
recherche dans notre pays ?Nous restons engagés dans la lutte contre l’insécurité
alimentaire et la pauvreté au Niger. La recherche agricole est un élément de
souveraineté qui doit être structuré et appuyé. Nous suivons avec optimisme
l’engagement continuel des autorités nigériennes pour améliorer les conditions
de travail des chercheurs.
Interview réalisée par Siragji Sanda
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