jeudi 10 octobre 2013

Entretien avec Dr Baoua Ibrahim, Chercheur de l'INRAN ayant contribué aux travaux de recherche et à la diffusion du sac PICS au Niger

‘’Le niébé est une culture d’avenir pour les pays sahéliens ; il y a donc besoin d’appuyer nos producteurs pour la résolution de conservation de cette légumineuse’’
Dr Baoua Ibrahim
Dr Baoua Ibrahim
                                                                 
La conservation du niébé, l’une des principales cultures de rente de nos paysans, constituait jusqu’alors un véritable casse tête. Heureusement, des chercheurs nigériens se sont penchés sur cette question. Et une réponse adéquate a été trouvée par l’un d’entre eux
Dr Baoua Ibrahim de l’INRAN de Maradi. Ce qui, d’ailleurs, a valu à ce compatriote le prix de la prestigieuse Université Purdue des Etats Unis. Dans cet entretien, Dr Baoua Ibrahim présente son invention, mais aussi son impact sur les préoccupations des pays.
Dr. Baoua Ibrahim, Vous êtes lauréat d’un prix d’une université américaine, dites nous brièvement en quoi consiste ce prix ?
Il s’agit d’une reconnaissance délivrée par la prestigieuse  Université Purdue des USA. Il est dénommé « PURDUE ENTOMOLOGY SPECIAL MERIT AWARD ». Elle a été attribué en raison des résultats exceptionnels produit lors la mise en œuvre du projet PICS (Projet de l’Université Purdue pour le Stockage Amélioré du Niébé) financé par la fondation Bill et Melinda Gates.

Ce prix vous a été attribué pour quel travail de recherche ?
Il s’agit des travaux relatifs à la mise au point et la diffusion de la technologie du triple ensachage pour le stockage sans pesticides du niébé.
Qu’est ce qui vous a poussé à mener des recherches dans le domaine de la conservation du Niébé ?
Le niébé est une culture d’avenir pour les pays sahélien. Elle est adaptée à nos conditions actuelles de production. Il s’agit aussi d’un aliment complet pour les familles rurales et urbaines. Par sa transformation et ses circuits commerciaux, il procure un revenu important aux acteurs ruraux. La plante est très menacée en champ par les insectes ravageurs, mais le peu qui est récolté est aussi attaqué et détruit par les bruches après quelques mois de stockage. Cette situation pousse les producteurs à brader leur production dès la récolte. Il y a donc un besoin de les appuyer pour la résolution du problème de conservation de cette légumineuse.
Quel est aujourd’hui l’impact de cette recherche sur les producteurs et les paysans ?
Le sac PICS est en diffusion et les producteurs sahéliens peuvent désormais conserver leur niébé le temps qu’ils veulent et le vendre à un prix intéressant sans contrainte de stockage.
Effectuer la recherche est une chose, mais la vulgariser en est une autre. Et on sait que l’INRAN a mené beaucoup de travaux de recherche dont les résultats ne sont pas suffisamment vulgarisés, quand est-il des résultats de votre travail ?
Nous avons contribué à l’adaptation de la technologie et de son suivi en zone rurale. Entre 2007 et 2008, la technologie a été démontrée dans près de 5000 villages agricoles du Niger en collaboration avec l’ONG World Vision et les Directions régionales de l’Agriculture. Un programme de sensibilisation impliquant les radios et la télévision nationale a été mis en œuvre. Sur le plan scientifique, les principaux résultats ont été publiés. Des fiches techniques et des posters en langues locales ont été produits et diffusés. Actuellement plusieurs projets agricoles sont entrain de poursuivre la formation des producteurs dans leurs zones d’intervention. Des investissements sont en cours avec la construction des infrastructures de stockage et l’édification de réseaux paysans de commercialisation du niébé notamment avec le warrantage.
Il se trouve souvent que les produits issus des recherches soient inaccessibles en termes de coût aux paysans, est-ce le cas de la technologie que vous avez développée ?
Le sac PICS est actuellement produit par 6 manufactures Africaines avec la vente de plus  de 2,5 millions de sacs entre 2007 à 2012. Au Niger est réseau d’approvisionnement est fonctionnel avec un réseau d’une centaine de détaillants localisés dans les principaux marchés ruraux. Il est suggéré un prix de 1100 francs CFA par sac de 100 kg. Le sac est réutilisable pendant au moins deux à trois années si bien entretenu.
Quelles sont vos attentes entant que chercheur, relativement au financement de la recherche dans notre pays ?Nous restons engagés dans la lutte contre l’insécurité alimentaire et la pauvreté au Niger. La recherche agricole est un élément de souveraineté qui doit être structuré et appuyé. Nous suivons avec optimisme l’engagement continuel des autorités nigériennes pour améliorer les conditions de travail des chercheurs.

Interview réalisée par Siragji Sanda

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