mardi 4 mars 2014

Entretien avec le Directeur général de l’INRAN, Docteur Aboubacar ICHAOU

« De nombreuses innovations technologiques en matière de recherche agricole mises au point par l’INRAN, contribuent efficacement  à la mise en oeuvre de l'Initiative 3 N.»

Dr Aboubacar ICHAOU
Monsieur le Directeur général, l’INRAN organisera à l’occasion du Salon de l’Agriculture, de l’Hydraulique et de l’Elevage (Sahel), du 6 au 9 mars 2014 au Palais du 29 juillet à Niamey, une exposition géante sur les dernières innovations technologiques agricoles mises au point par votre institut. Que visez-vous à travers cette exposition et quelle contribution concrète l’INRAN apporte-t-il, d’ores et déjà, à la mise en œuvre de l’Initiative 3 N ?
Ce qui est visé à travers cette exposition, c’est rendre plus  visibles les activités de l’INRAN, institution publique qui a pour  mission d’apporter son concours technique pour optimiser les productions agricoles et assurer un développement économique et social de notre pays. Pour ce faire, plusieurs types de producteurs (agriculteurs, éleveurs, exploitants forestiers, les agro business men, les transformateurs, les industriels …..) ont besoin d’un certain nombre de technologies que l’INRAN développe.
Dans le développement des technologies l’un des premiers aspects abordés a été la gestion durable de la fertilité des sols. En effet, qu’il s’agisse de l’agriculture ou de l’élevage, on a toujours besoin de technologies pour garder les sols en bonne santé.
Un second aspect de cette exposition, c’est également la question des semences. Si celles-ci sont de bonne qualité, elles peuvent en effet améliorer les rendements de 20 à 40 % voire plus. Donc le facteur lié à la qualité des semences est en toile de fond pour garantir l’optimisation des rendements. Il est donc à prendre en compte dans toute politique visant à augmenter la productivité agricole et pour garantir la sécurité alimentaire. C’est pourquoi, à l’occasion de cette exposition, nous allons présenter des échantillons  de notre banque de gênes qui est, en fait, le réservoir dans lequel nos chercheurs puisent pour mettre au point des variétés améliorées, c’est-à-dire répondant mieux à certaines contraintes rencontrées par les producteurs. Des échantillons de ces semences améliorées seront également exposés.
Outre les semences, un stand sera dédié à la protection des cultures et aux productions obtenues.  L’optique étant de veiller à ce que, ce qui est produit ne soit pas perdu, c’est-à-dire si on considère l’exemple du Niébé, il faut éviter que ces graines ne soient pas attaquées par les bruches, insectes qui perforent les graines et les rendent impropres à la consommation. Au niveau de ce stand seront également expliquées des méthodes de conservation des denrées.
Il y aura aussi un stand destiné à montrer les activités de transformation agro-alimentaires des denrées locales. Un des objectifs liés à cela, est la possibilité offerte aux producteurs de conserver certaines denrées à l’exemple du manioc qui peut être transformé en gari. Ce qui, au passage, réduit le coût de transport du produit transformé, le manioc ayant été déshydraté. Un autre aspect de la transformation est de mettre au point des aliments nutritifs comme le pain composé auquel on a incorporé de la farine de mil, de sorgho ou encore de niébé. En outre, il faut citer également des aliments diététiques comme le couscous à base de sorgho, mieux adapté aux diabétiques, ou encore des jus naturels à base  de fruits saisonniers, des pizzas et des biscuits à base de céréales sans oublier le lait et le fromage à base de souchet et de soja. D’ailleurs, des séances de dégustation seront organisées à l’intention du public.
En plus de ces différents aspects liés à la mise au point des technologies permettant l’augmentation et la conservation des denrées, l’INRAN encadre des producteurs. A cet effet, des femmes productrices de pommes de terre, issues d’un groupement encadré par la station INRAN de Bonkoukou, présenteront leurs productions dont la qualité est appréciée de tous.
En ce qui concerne la recherche zootechnique, qui est un des volets importants de cette exposition, il est prévu la présentation de races ovines adaptées et aussi des aspects liés à l’alimentation du bétail comme la valorisation des sous-produits agricoles à travers leur transformation en blocs multinutritionnels.
De même, des activités relatives à l’aviculture et à la pisciculture  feront l’objet de démonstrations. Pour le reste, beaucoup d’autres résultats de recherche ainsi que des informations utiles sur les activités de l’INRAN seront également disponibles à l’occasion de cette exposition.
Ainsi, de nombreuses innovations technologiques en matière de recherche agricole mises au point par l’INRAN, contribuent efficacement à la mise en œuvre de l’Initiative 3 N. L’exposition géante que nous organiserons à l’occasion du Salon de l’Agriculture, se veut une grande vitrine à cet égard.
Autant de résultats de recherche auxquels ont abouti, avec succès, l’INRAN et ses partenaires et qui cadrent parfaitement avec les axes majeurs de l’Initiative 3 N, qui sont, faut-il le rappeler : accroître les productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques ; améliorer la résilience des populations nigériennes face aux crises alimentaires et aux catastrophes naturelles ; assurer un approvisionnement régulier des marchés ruraux et urbains en produits agricoles et agro-alimentaires ; créer un environnement favorable basé sur les productions agricoles et agro-alimentaires nationales.
Monsieur le Directeur général, depuis peu, l’INRAN renoue avec l’espoir grâce à la fois au dynamisme insufflé par une nouvelle équipe dirigeante que vous animez sous l’œil bienveillant du Conseil d’administration, grâce aussi à la volonté politique du Gouvernement et au concours précieux des partenaires. Pouvez-vous nous donner des exemples concrets qui illustrent ce regain d’espoir ?
Depuis un certain temps, des orientations plus claires sont redéfinies en faveur d’une politique qui vise de manière plus résolue l’atteinte des objectifs liés à la sécurité alimentaire en particulier et au développement économique et social en général. A cet égard, le rôle de la Recherche agronomique dans un pays comme le nôtre a été mieux pris en compte en tant que priorité par les plus hautes autorités de notre pays au premier rang desquelles S.E Monsieur le Président de la République. Dans le même ordre d’idées, S.E Monsieur le Premier Ministre nous a fait l’honneur de nous rendre visite le 17 mai 2013 et à cette occasion, il a été mis l’accent sur l’importance de la mission de l’INRAN aux fins de la redynamisation des activités de recherche agronomique.
A ce titre, le Chef du Gouvernement  a mis un accent particulier sur la nécessité de mettre en place des statuts valorisant la fonction, à la fois du personnel administratif et technique ainsi que des chercheurs de l’INRAN, l’objectif étant d’aligner les conditions de travail des uns et des autres sur celles aux niveaux des universités publiques afin d’éviter notamment la fuite des cerveaux.
Du reste, le Gouvernement a déjà donné un signal fort à cet égard, en triplant quasiment la subvention annuelle d’équilibre au titre de 2014. Cette enveloppe subséquente permet en plus du paiement des salaires revalorisés, d’assurer un fonctionnement conséquent et de mener à bien des activités de recherche sur le fonds de l’Etat. Faut-il le rappeler, la recherche agricole dans la sous-région est tributaire des financements extérieurs alors qu’il s’agit d’un domaine stratégique pour lequel les Etats doivent s’assumer  pleinement. A cela il faut ajouter une enveloppe pour recruter une quinzaine de chercheurs, pour relancer le CERRA de Zinder et pour installer des infrastructures dans les stations et points d’appui de recherche.
Pour les financements extérieurs, notre politique offensive nous a permis d’enregistrer plusieurs nouvelles de conventions de partenariats aux plans régional, international et avec de nombreuses fondations principalement américaines soutenant la recherche agricole ; ce qui est la preuve du regain de confiance dont jouit notre institution depuis un certain temps.
 Bien évidemment, tout ceci n’aurait pas  été possible sans la dynamique interne de travail que nous avons instaurée avec l’implication effective de l’ensemble du personnel en vue d’une véritable relance de nos activités. Il me plaît de souligner à cet égard le rôle combien important des 37 jeunes chercheurs  et administrateurs que l’Etat, à travers les ministères de l’agriculture et de celui de l’élevage, vient de mettre à notre disposition. 
Notre pays, à travers le Ministère de l’Agriculture via l’INRAN, va abriter, en juin prochain, la 4è Semaine scientifique agricole de l’Afrique de l’Ouest et du Centre et la 11è Assemblée générale du CORAF/WECAR (le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricole). En résumé, quels objectifs sont assignés à cette grande rencontre et quels en sont les enjeux pour le Niger ?
Brièvement, les objectifs assignés à cette rencontre  sur la recherche agricole qui va regrouper au moins une vingtaine de pays ainsi que des organismes de recherche, partenaires techniques et financiers sous-régionaux et internationaux, pour un total de quelque 500 participants, visent à échanger sur les derniers résultats de recherche et sur les autres préoccupations de la recherche agronomique au niveau de nos différents Etats. En termes d’enjeux, notre pays à travers l’INRAN sera honoré et l’opportunité de cette rencontre africaine permettra au Niger de faire part de son Initiative 3 N et de mieux s’imprégner des réalités actuelles de la recherche agricole dans la sous-région. Du reste, une journée sera consacrée à cette Initiative 3 N. En définitive, il s’agit d’une rencontre extrêmement importante pour nos Etats au regard des priorités actuelles qui tournent autour des défis liés à la sécurité alimentaires et, partant de ceci, au développement agricole de manière générale. /. 

Djibrilla Abdou Malam Abdou, Chargé de Communication 

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